Daniel et Denise

Daniel et Denise

 

Juillet 2013

Choisir un bouchon lyonnais est aussi difficile que de choisir une verroterie à Murano. Les différences sont infimes et il est très difficile de se déterminer en lisant la carte. Mais l’unanimité semble se faire, à lire les blogs touristiques et culinaires, pour dire que Daniel et Denise est un must (eat ?).

 

Il y a deux établissements, l’un dans le vieux Lyon (le dernier né ?) et l’autre plus anonyme, la maison mère certainement, dans un quartier périphérique  (156, rue de Créqui), derrière le nouveau tribunal de Lyon (lui-même très anonyme). En route pour la rue Créqui.

La photo du patron, qui plastronne en MOF aux côtés des nombreuses stars encadrées de bois (on dirait l’escalier de chez Yvonne à Strasbourg) semble être la garantie d’une cuisine roborative mais exigeante.

 

Omelette du curé

Omelette du curé

 

Pêché de Chair

Péché de Chair

L’aventure commence avec l’Omelette du Curé. Dans le mile : une omelette blanche aux queues d’écrevisses, nappée d’une bisque (d’écrevisses ?). Le tout accompagné d’un Saint-Jospeh (qui est invariablement proposé dans tous les établissements que j’ai fréquenté en quelques jours).

Ambiance recueillie de presbytère. 3 ave 2 pater, car j’ai beaucoup péché par gourmandise.

Saint Joseph 2010

Saint Joseph 2010

Ensuite, quelques plats canaille : des rognons et de la cervelle.

Les rognons sont entiers, comme il se doit. Mais il manquent cruellement d’originalité dans leur petite cocotte de fonte qui cache la misère et je regrette presque ces petits plats mijotés dans lequels ces escrocs qui font le quotidien de la basse gastronomie mêlent les morceux de viande aux petits champignons de Paris.

La cervelle, finement tranchée pour ne pas dégoûter le chaland ? (alors que mon meilleur souvenir d’abats est une cervelle entière, panée, servie sans ménagement dans un restaurant à touristes de Budapest) est trop cuite et trop salée, dans son beurre à l’ail noirci.

Cervelle

Cervelle

Les desserts sont à l’avenant : vite expédiés, sans grande tenue (le sempiternel carpaccio d’ananas, très apprécié en ce moment, madeleines et crême au chocolat sans excitation, nage de fraises).

En somme, un très bon bouchon. Mais un bouchon.

J’y retournerai invariablement, avec le même appétit de chevalier teuton, buvant et festoyant car je ne sais pas manger autrement que beaucoup. Mais je commence à être un peu las de ces rodomontades de matamor aux yeux exorbités, de ces toques blanches auto-proclamées maîtres de la gastronomie mondiale. 

A vrai dire pour 50 € par personne, on se sent vivre bien et il est probable que Daniel et Denise soit l’un des meilleurs bouchons lyonnais. Mais je me damnerais pour une choucroute au poisson ou un foie gras maison, un baba au rhum accompagné d’un pinot gris grains nobles. Canaille et de bonne tenue : Strasbourg est la capitale de la gatronomie française. Pas Lyon. Et ce n’est pas la visite aux Halles Bocuse qui me convaincra du contraire.

Mais il était bon, le Saint Joseph.